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D.R.
Pépite par Patrick Adler
Laurent Viel, l’homme-femme
Quand Il est Elles.

Il s'avance sur scène, gracile et discret, il a des airs de Dandy, quelque chose d'Alain Chamfort. Encore que... Homme et enfant, femme et homme, il se sent différent, tout à la fois. Alors, dans cette salle qui lui est si familière, il choisit d'oublier sa pudeur en ouvrant son album intime où il entend se livrer comme jamais. Il s'appelle Laurent Viel.

Les Lacaniens diraient que la réponse à son histoire est inscrite dans son patronyme. Laurent VIEL, c'est aussi l'homonyme VIT-ELLES ou, pour rester dans l'ère du temps VIT-IEL.

Sans barguigner, après avoir relaté son enfance, après ses premières excuses pour ce qui pourrait apparaître comme une trahison affective - il a remplacé sur l'oreiller son teddy-bear par la photo d'une idole yéyé : Sylvie Vartan dont il est éperdument amoureux, il joue cash et convoque son enfance lointaine, son père absent, son orientation sexuelle découverte assez tôt. Le tout avec poésie et grandeur d'âme. Toujours. C'est la force des résilients.

Avec Laurent Viel, les amours sont toujours inatteignables, il n'aime que les icônes (Vartan, Barbara), ces femmes qui le gardent à distance, qu''il n'aime jamais qu'en pensées . Les aimerait-il autrement ? La réponse est donnée dans le sincère et bouleversant : « Qu'est-ce qu'il y a de si bon qu'embrasser un garçon ? ». Voilà, tout est dit et si d'aventure vous n'aviez pas compris, il enfonce le clou en fin de récital par son «Quand je pense homme je me pense femme».

Les textes sont beaux et puissants, les chansons mélodieuses, Laurent oscille entre le récitatif et le chant, l'a capella et le micro. Il y a une mélancolie douce en lui, de la nostalgie, bien sûr mais aussi de la joie. Comme celle de s'assumer. Pleinement. Les projection visuelles sur les murs en pierres apparentes de cette salle voutée (mention spéciale à Antoine Le Gallo qui réussit un grand chelem dans le traitement son-lumières-vidéo) habillent avec bonheur cette divagation scénique entre onirique et réel.

Jamais statique malgré la poésie d'un regard souvent extatique, Laurent danse aussi, fait même des moulinets. C'est ainsi qu'il est elle(s), comme dédoublé, corps et âme (« Etrangère dans le corps d'un homme, je vais vérifier mon karma »).

L'interrogation au final ne saurait rester sans réponse. « Ai-je vraiment compté ? », chante-t-il. La réponse est oui. Assurément.
Paru le 11/03/2024

(14 notes)
LAURENT VIEL - L'HOMME FEMME
THÉÂTRE ESSAÏON
Jusqu'au mercredi 26 juin

MUSIQUE / CHANSONS. Après Viel chante Brel et Viel chante Barbara, Laurent Viel, chanteur et comédien, revient avec un nouveau spectacle intime et personnel composé de 14 chansons originales abordant les thèmes de l’enfance, d’une blonde, de l’amour, du genre et de la sexualité, du parcours d’une vie, d’une brune, de...

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